Résumé : | La maltraitance des personnes âgées s’est invitée tardivement dans les débats de société, en Belgique et ailleurs en Occident. Encore aujourd’hui, son existence n’est pas toujours reconnue. Heureusement, il n’a pas fallu qu’un événement dramatique de portée nationale arrive pour qu’elle rentre à l’agenda politique. Sans doute faut-il y voir le résultat d’un travail de fond mené par diverses associations et par différents spécialistes du secteur, qui l’ont patiemment mise au jour.
C’est ainsi qu’au printemps 2009 fut créée Respect Seniors, l’agence wallonne de lutte contre la maltraitance des personnes âgées, sur les fondations d’initiatives préexistantes dont le travail s’était révélé indispensable, depuis une dizaine d’années.
Parmi leurs prérogatives, outre les actions de dépistage, d’aide et de relai des plaintes, l’étude des différentes formes de maltraitance, de leurs conditions d’apparition, de leurs prévalences fait partie de leurs attributions. C’est ainsi qu’un subside spécifique de la Région wallonne leur permit de faire appel à un organisme extérieur pour mener une enquête scientifique sur la maltraitance.
Cette étude ayant pour objectif principal de mesurer la prévalence de la maltraitance, il fut décidé de procéder à une enquête par questionnaire, menée auprès d’un échantillon représentatif de la population wallonne. Un second échantillon, constitué de personnes dépendantes, devait permettre d’étudier de manière plus approfondie l’apparition de la maltraitance en situation de fragilité.
De manière à élargir la problématique, à éviter de s’enfermer dans une étude de prévalence dont les données ne pourraient être utilisée pour aucune autre analyse, il fut décidé de s’attacher également à l’étude des conditions de vie des personnes (et notamment celles qui pourraient avoir un lien avec la maltraitance).
La première étape du travail consista à faire le relevé des études consacrées à la maltraitance, tant en Belgique qu’au niveau international. Parmi les diverses définitions, les différentes approches de la maltraitance, il fallait en effet définir l’angle de vue que nous allions utiliser, la méthode pour approcher cette réalité parfois indicible ou à tout le moins difficile à définir aussi bien qu’à reconnaître.
La seconde étape fut d’établir une méthodologie rigoureuse, pour le tirage au sort de l’échantillon, la création du questionnaire, le contact des sondés, la passation de l’enquête sur le terrain, l’analyse des résultats. Bien sûr, cela impliquait également une interface d’enquête aussi fiable et pratique que possible, une équipe d’enquêteurs et d’enquêtrices rigoureux, des questions fluides et compréhensibles, etc.
Ces premières étapes constituent les deux premiers chapitres de ce rapport. Les deux derniers chapitres sont consacrés aux résultats. Le premier s’attache au résultats de l’enquête menée auprès de l’échantillon représentatif de la population wallonne. Enfin, le dernier chapitre est consacré aux résultats de l’échantillon des personnes dépendantes. Une proposition de test d’une variable de dépendance y est également faite.
Les auteurs espèrent que l’étude permettra d’éclairer le lecteur sur les différentes formes de maltraitance des personnes âgées, sur leur prévalence et sur certaines conditions de leur apparition, fournira des outils permettant d’aider tant à la prévention qu’au suivi des situations concrètes et au dépistage, et enfin donnera des pistes de réflexion aux décideurs politiques quant aux programmes à mettre en oeuvre pour prévenir ce phénomène et le traiter efficacement. |