Résumé : | Penser la violence est nécessaire pour la compréhension du sujet, ainsi que pour la société dans son ensemble qui ne peut faire l’économie de s’interroger sur la spécificité de la violence dans sa relation au corps. Si la violence est de tous les âges et de toutes les sociétés, l’adolescence en est bien le paradigme, comme le dit Philippe Gutton, pour qui la création "adolescens", comme toute création humaine, engendre de la violence. Quand le corps fait mal – tant de manière active que passive –, qu’il s’agite, attaque, détruit, ou encore lorsqu’il fait imploser la vie psychique et relationnelle, il risque, par l’excès, d’aboutir à une conduite violente entre deux sujets, dont au moins un, y perdant son titre, cherche à aliéner l’autre dans sa dimension subjective. C’est à la rencontre de la Loi que l’adolescent s’expose alors et à la fréquentation du tribunal pour enfants où, ombre de lui-même, penaud et désolé, il se raconte à mots soufflés. Celui qui désirait tant se faire entendre dans l’acte disparaît comme sujet, absent à lui-même dans un cérémonial qui le dépasse. C’est au lien entre violence et adolescence que ce dossier est consacré, à une réflexion sur le lien entre corps et psyché quand il se fait violence, quand il se fait dans et par la violence. Ainsi, Patrick-Ange Raoult, à travers le récit de rencontres cliniques singulières, montre que les violences et les figures de l’agir à l’adolescence sont autant d’impasses, de mises en péril du lien corps-psyché, tandis que Jean-Pierre Pinel, par son expérience du psychodrame, élargit le débat de la violence sans limites des adolescents et nous invite à repenser les modèles de la clinique institutionnelle. Olivier Moyano interroge la spécificité de la délinquance des mineures et pose à ce propos la question de savoir s’il existe une violence de genre. Dans une tout autre perspective, Jacques Miermont propose un modèle explicatif de la violence en trois dimensions : écologique, éthologique et anthropologique, et éclaire à cet aune la problématique de l’anorexie mentale à l’adolescence. Solène Guittot, quant à elle, s’attache à comprendre comment l’adolescent suicidant peut en arriver à cette forme de violence extrême contre lui-même. Enfin, Omar Zanna et Loïck Villerbu, observant un groupe d’adolescents en milieu carcéral soutiennent que leurs violences reposent essentiellement sur l’hypothèse d’une défaillance de leurs capacités d’empathie. |