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Lutte contre la précarité

Face à la hausse des coûts de l’énergie certaines familles se voient forcées de réduire leur budget alimentation. Et le Brabant wallon aussi est touché.

A l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation, le 16 octobre, la Croix-Rouge a tiré la sonnette d’alarme. Alors que l’hiver est à nos portes, les demandes d’aides alimentaires explosent. La crise énergétique met à mal le budget des familles. Et le Brabant wallon n’est pas épargné. Néanmoins, des associations viennent en aide aux personnes en situation de précarité. Et pour coordonner ces différentes initiatives, le Brabant wallon a contribué au lancement d’un relais social intercommunal, il y a un an.

« Pour certaines familles, il devient impossible de se chauffer, se nourrir, se soigner, se loger ou s’habiller ». C’est l’avertissement lancé par la Croix-Rouge, le mois dernier. La Croix-Rouge qui voit arriver de nouveaux profils dans ses épiceries sociales : des familles et des travailleurs. La crise énergétique actuelle s’ajoute à l’inflation et impacte fortement le budget des familles. Face à la hausse des coûts de l’énergie certaines familles se voient forcées de réduire leur budget alimentation. Et le Brabant wallon aussi est touché. L’épicerie sociale de Jodoigne a distribué 1.749 colis sur les six premiers mois de 2022, soit une hausse de 20 %. Les épiceries sociales de Grez-Doiceau, Louvain-la-Neuve et Court-Saint-Etienne ont connu une hausse similaire : entre 10 et 20 % de demandes en plus pour des colis alimentaires. 

En Brabant wallon, en 2021, 9,9 % de la population était considérée comme à risque de pauvreté monétaire. Il s’agit de ménages dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté c’est-à-dire 1.293 euros par mois pour une personne isolée. Et 21, 6 % de la population est considérée comme à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale : ce sont des ménages confrontés à un risque de pauvreté économique, à une privation matérielle grave et à une très faible intensité de travail. (Stabel). Ces trois critères permettent de mesurer la précarité. 

La lutte contre la précarité, c’est le quotidien de L’Ouvre-Boîtes à Nivelles. « Toutes les demandes d’aides sont en augmentation que ce soit à L’Ouvre-Boîtes ou auprès des CPAS avec qui nous travaillons. La précarité à Nivelles et en BW, elle existe. Et on ressent les conséquences de la crise énergétique », confirme la directrice de l’association, Véronique Thibaut. 

L’Ouvre-Boîtes aide entre 500 et 600 personnes par an

L’Ouvre-Boîtes a vu le jour en 1998. C’est une maison d’insertion sociale et d’accompagnement. Elle s’occupe de personnes en situation de multi précarité : économique, familiale, sociale et/ou psychologique. « Notre mission c’est apporter un peu de Bien-être, de dignité à une personne en situation de précarité. C’est l’écouter et tenter d’améliorer son futur », indique Véronique Thibaut. « On a en moyenne 250-275 familles qui viennent nous demander de l’aide chaque année. Ça ne signifie pas qu’elles viennent tous les jours, certaines viennent de manière irrégulière, d’autres viennent tout le temps. Nous aidons entre 500 et 600 personnes par an, c’est énorme »

Situé à la rue aux Souris à Nivelles, l’Ouvre-Boîtes emploie dix travailleurs sociaux et propose différents services dont un abri de jour. Des personnes SDF ou en situation de précarité peuvent boire un café, de la soupe, discuter avec d’autres personnes et s’entretenir avec un travailleur social. Cet abri de jour reconnu par la Région wallonne compte une douche et un coin repos. «Les SDF marchent souvent la nuit pour ne pas avoir froid. Ils sont donc fatigués la journée et peuvent prendre un moment de repos pour récupérer», précise Véronique Thibaut. 

Mais l’abri de jour accueille aussi des personnes qui ont un toit. «Certains coupent le chauffage chez eux pour venir passer la journée chez nous car ils ne savent plus faire face à leurs factures d’énergie. Beaucoup nous parlent de leurs problèmes suite à l’augmentation du coût de l’énergie, évoquent l’installation d’un compteur à budget, mais ça aussi, ça a un coût. On craint très fort l‘avenir par rapport à ça», s’inquiète Véronique Thibaut.

Juste à côté de l’abri de jour, une épicerie sociale est ouverte du mardi au vendredi en matinée. Après une rencontre avec une assistante sociale, les personnes en situation de précarité économique peuvent acheter des produits de première nécessité à prix réduits. Et grâce aux dons, des colis d’urgence sont proposés aux personnes qui n’ont aucune ressource. 

L’Ouvre-Boîtes compte aussi un service d’insertion sociale qui permet aux personnes déstructurées de se réhabituer à une vie sociale et à respecter des horaires, grâce à des ateliers. Enfin, les victimes de violences intra familiales peuvent également trouver de l’aide auprès de l’Ouvre-Boîtes pour effectuer des démarches (quitter le domicile ou se rendre à la police.)

Un magasin de seconde main

Et parce qu’il faut aussi s’habiller, se meubler, acheter du matériel scolaire ou des jouets pour les enfants, l’Ouvre-Boîtes a ouvert La Boîte à Tout, un magasin de seconde main situé dans le zoning sud de Nivelles. Des jouets, livres, vêtements, vaisselle, objets de décoration sont vendus à petit prix. Et les bénéfices reviennent à L’Ouvre-Boîtes. 

Chacun peut soutenir L’Ouvre-Boîtes, via un don financier ou un don de vivres non périssables. L’association recherche aussi des bénévoles qui souhaitent s’investir. «L’association vient en aide aux personnes en situation de précarité mais l’institution est précaire elle-même», conclut Véronique Thibaut qui rêve de deux travailleurs sociaux supplémentaires.

Plus d’infos : www.ouvre-boites.be

Également présente sur Nivelles et Genappe depuis 2018, l’asbl Soli-Dons récupère des surplus de grandes surfaces pour les redistribuer sous forme de colis alimentaires à des personnes en difficulté. L’asbl a pour but de lutter contre le gaspillage alimentaire et la pauvreté. Depuis le début de cette année jusqu'à la fin du mois d'août, Soli-dons a distribué 2.846 colis alimentaires et récolté plus de 98 tonnes de denrées. Soli-dons est aussi à la recherche de produits alimentaires, de produits d’hygiène pour bébés et de produits d’entretien non entamés et en bon état. 

Grâce au soutien du Brabant wallon, Soli-Dons a pu acquérir un deuxième véhicule frigorifique et engager une chargée de projet: retrouvez ici l'article sur Soli-Dons

L'ouvre Boîtes video

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Le Brabant wallon, coordinateur et facilitateur

Sur tout le territoire, les associations se mobilisent chaque jour pour tenter de venir en aide aux personnes en situation de précarité, mais jusqu’à présent, le Brabant wallon ne compte pas d’abri de nuit sur son territoire. Souvent interpellé sur cette question, le Brabant wallon a joué un rôle de coordinateur et de facilitateur dans l’organisation de tables rondes sur le sujet, en 2019. Ces tables rondes ont réuni des intervenants du secteur (accueil, hébergement, logement, santé mentale, assuétudes…). Il est ressorti de ces réunions qu’il manquait un opérateur central, un organe de coordination entre les acteurs de terrain. Différentes maisons d’accueil du BW, le centre de jour UTUC (Un Toit Un Coeur) et la Fédération des maisons d’accueil ont donc rentré une demande de création d’un relais social intercommunal. Ils ont également répondu à un appel à projets auprès de la Région wallonne pour trouver un.e chargé.e de projet qui réaliserait la création de cette structure et c’est Maëlle Dewaele qui s’est vue confier la mission. 

Le Relais social, un acteur clé de la lutte contre la précarité

Le Relais social intercommunal du Brabant wallon est installé dans les locaux du CPAS à Wavre. C’est un réseau qui rassemble aujourd’hui 45 partenaires publics et privés : CPAS, Communes, Maisons d’accueil, centres de jour… Ces opérateurs travaillent avec des personnes en situation de grande précarité : des personnes sans logement, mais aussi des personnes en situation de mal logement (logements insalubres, victimes de violences intrafamiliales…) et des personnes concernées par les assuétudes et la prostitution. 

La première mission du relais social, c’est la coordination de tous ces acteurs issus de secteurs différents (action sociale, logements, accueil de jour, santé mentale, aide alimentaire… ). L’objectif est de faciliter les partenariats en vue de répondre à l’urgence avec des projets d’insertion.

Le relais social a aussi vocation à être un observatoire afin, par exemple, de mesurer combien de personnes sont concernées par la précarité en Brabant wallon. C’est ainsi que le 28 octobre dernier, un dénombrement sur le sans-abrisme et le mal logement a eu lieu dans 9 communes (Chaumont-Gistoux, Wavre, Grez-Doiceau, Nivelles, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Jodoigne, Walhain et Tubize, Rebecq). Il s’agit d’une première en Brabant wallon. Les résultats de ce dénombrement seront diffusés par la Fondation Roi Baudouin en mars 2023, via leur site internet.

La priorité : un dispositif d’hébergement d’urgence

Enfin, le relais social a pour mission de développer des projets avec ses partenaires pour pallier les manques. L’un de ces manques concerne un abri de nuit pour les personnes sans logement. En effet la difficulté est multiple : pas de grande ville en BW pour porter le projet, un choix du lieu problématique sur un territoire qui s’étend d’ouest en est et la question de l’accompagnement indispensable en plus de l’hébergement de nuit. 

Une réflexion est en cours avec les partenaires pour proposer une solution alternative : un dispositif d’hébergement d’urgence proposant plusieurs places d’ici la fin de l’année. «Les deux conteneurs gérés et financés par le CPAS de Wavre sur le site de la maison de repos devraient s’intégrer à ce dispositif d’hébergement plus large, explique Maëlle Dewaele. Chaque conteneur peut accueillir une personne sans abri en hiver. L’idée, c’est d’avoir des places disponibles sur Wavre, Ottignies, Nivelles, Tubize, Jodoigne… Le tout coordonné de manière centrale avec des règles communes, mais sur des sites éparpillés géographiquement. Cette alternative permettrait aux personnes sans-abris de rester ancrées au niveau de leur territoire local»

Parmi les autres projets portés par le relais social, une personne « capteur logement » est chargée de servir d’intermédiaire entre les services d’aide et les propriétaires privés pour rechercher du logement. Enfin, le projet «housing first» est un projet d’accompagnement en logement pour un public très spécifique, avec un long parcours d’errance et des problématiques multiples. Il est subventionné par la Région wallonne. 

Après une année d’existence, le bilan du relais social est plutôt positif. Sa coordinatrice Maëlle Dewaele est aujourd’hui entourée d’une équipe qui porte plusieurs projets. Et plus de 45 partenaires ont déjà signé la charte du relais social. Le but à l’avenir c’est d’étoffer encore ce réseau de partenaires. 

En plus des maisons d’insertion, des épiceries sociales, des magasins de seconde main, les CPAS sont également des lieux ressources pour les personnes qui rencontrent des difficultés. Les personnes qui rencontrent des difficultés peuvent bénéficier de certaines aides financières, d’un service de médiation de dettes, d’accompagnement et de soutien.

Le relais social du Brabant wallon

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3 questions à Sophie Keymolen,
Députée provinciale en charge des affaires sociales

1. Le Brabant wallon a l’image d’une province riche et prospère épargnée par la précarité.
Qu’en est-il ? 

C’est pourtant une vision erronée du Brabant wallon. Bien sûr, notre territoire est prospère, il possède un PIB élevé et ses habitants sont plus diplômés qu’ailleurs (55,7% des Brabançons ont un diplôme d’études supérieures.).

Régulièrement des communes du Brabant wallon sont épinglées dans la presse comme étant les plus riches du pays. Toutefois, ces données peuvent révéler d’autres difficultés, notamment l’accès au logement qui est bien plus compliqué en Brabant wallon. Les écarts de revenus y sont également plus importants. Finalement, notre Province souffre de cette image et la précarité y est trop vécue comme une tare supplémentaire alors.

2. Quels sont les leviers qui peuvent être activés pour lutter contre la précarité sur le territoire ? 

Il y a en Brabant wallon un important tissu associatif sur le terrain, disponible et à l’écoute de leurs bénéficiaires pour leur offrir une aide ponctuelle ou récurrente, au plus proche de leurs besoins.

Je rencontre régulièrement ces associations pour comprendre leurs actions, les publics visés et leurs nécessités. Le Brabant wallon aide un grand nombre de ces associations, dans la mesure du possible, soit à se faire connaître, soit en les subsidiant, soit en favorisant leur mise en réseau et les orientant vers les bons interlocuteurs. 

Les CPAS restent également les partenaires privilégiés de nos politiques sociales. Le travail administratif et social y est conséquent, au regard de la loi et des dispositions légales que fournit notre société et dans la logique de solidarité de communauté.

3. Quel rôle a joué le Brabant wallon dans la mise en place du relais social intercommunal et quelle est sa mission ? 

Le Brabant wallon a évidemment soutenu la création du relais social intercommunal et des acteurs de terrain qui se sont entendus pour sa mise sur pied. 

C’est un acteur qui a une mission essentielle pour connecter les secteurs, établir des projets communs et prioriser ses actions. Le relais rassemble des opérateurs en lien avec le logement, l’aide alimentaire, l’hébergement, la santé, la santé mentale comme des partenaires développant des accompagnements pour des publics spécifiques. 

Je me réjouis du lancement du relais social intercommunal et j’encourage toutes les associations à signer la charte afin de s’inscrire dans cette dynamique vertueuse. C’est une avancée pour coordonner l’action de terrain auprès des publics précarisés ou en grande difficulté du territoire. 

Le relais social intercommunal du Brabant wallon est un élément clé dans la lutte contre la pauvreté sur le territoire.