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Logement

« Stop Béton » à l’horizon 2050 : quelles conséquences pour le logement en Brabant wallon ?

En 2050, les nouvelles constructions seront strictement réglementées et concentrées dans les «centralités» de Wallonie: ainsi l’impose la proposition du Schéma de Développement Territorial (SDT). Il faudra densifier les zones urbaines, préserver au maximum les surfaces agricoles, utiliser le bâti déjà existant et réhabiliter les friches industrielles pour y installer du logement.

En Wallonie, la surface résidentielle a augmenté de 50% depuis 1985. Au cours de la même période, les terres agricoles ont diminué de près de 600 km². L’expansion du résidentiel en Wallonie s’explique par l’évolution démographique, le besoin de logement des jeunes ménages avec enfants et les prix des terrains qui décroissent plus on s’éloigne des villes. Les zones les plus touchées par cet étalement résidentiel sont le Brabant wallon et l’axe Liège-Verviers.

Si la « bétonnisation » des sols a tendance à diminuer chez nous (actuellement 100 ha consommé par an contre 200 il y a 10 ans), en 2050 elle devra s’arrêter complètement. Un défi important pour les communes du Brabant wallon! La Jeune Province est celle où les surfaces naturelles et agricoles diminuent le plus et où l’accès au logement est le plus ardu. C’est aussi un territoire en plein essor économique et en augmentation démographique constante (+ 25% de population entre 1992 et 2020, contre +15% en Belgique et +11% en Wallonie sur la même période). Au-delà de ces défis, le Brabant wallon est engagé depuis des années dans une démarche de préservation des espaces naturels et agricoles, et donc de limitation de l’étalement urbain.

Centralités villageoises et urbaines

Le nouveau Schéma de développement territorial wallon (SDT) prévoit de nouvelles lignes directrices. Il distingue et définit ainsi trois types de zones où les nouvelles habitations devront se concentrer :

  • les centralités villageoises (plus de 20 logements à l’hectare) ;
  • les centralités urbaines (plus de 30 logements à l’hectare) ;
  • les centralités urbaines de pôle (plus de 40 logements à l’hectare).
  • En dehors de ces centralités, les projets immobiliers comprenant du logement ne pourront pas dépasser 10 logements à l’hectare et devront être situés en continuité ou à proximité du tissu bâti existant. 

En Brabant wallon, 8 centralités urbaines de pôle ont été présentées dans le SDT: Braine-l’Alleud, Jodoigne, Nivelles, Ottignies, Louvain-la-Neuve, Tubize, Waterloo et Wavre (incluant Limal et Bierges). 

Réalités locales

Les Communes auront 5 ans pour définir leur propre Schéma de développement et proposer des adaptations du SDT wallon. Les réalités locales sont en effet multiples et complexes. S’y ajoute la problématique des risques d’inondations - un souci majeur en Brabant wallon – qui suscite un débat parallèle : la carte des zones inondables doit-elle être revue, et avec quelles conséquences pour le SDT wallon ? Faudra-t-il interdire de construire en zone inondable, ou construire en intégrant ce risque (constructions surélevées, espaces perméables au niveau du sol…) ?

Nouveaux lieux de vie

Une des voies empruntées par le Brabant wallon pour parvenir au «stop béton» passe par les « NPoW », ou « New Places of Working » (en français : nouveaux lieux de travail). Il s’agit d’espaces de travail décentralisés et mixtes qui accueillent de petites entreprises (de l’artisanat par exemple), des habitations et des services, connectés par un maillage de mobilité douce. C’est le concept de la « ville à 20 minutes », l’économie à portée de vélo. Ces espaces prennent place essentiellement sur des terrains déjà artificialisés, comme des friches industrielles, des bâtiments publics désaffectés, etc. 

Le processus de développement des NPoW en Brabant wallon a débuté dans l’est de la province du côté de la Croix de Hesbaye Cet ancien nœud ferroviaire est constitué aujourd’hui de deux RAVeL qui se croisent à hauteur de l’ancienne gare de Ramillies. C’est précisément sur le site de cette ancienne gare que le Brabant wallon va développer un projet phare. Sur 3,86 ha, celui-ci comprendra des logements, des commerces et services, des activités artisanales, du stationnement et le site actuel de l’entreprise KEOLIS (société de transport de passagers). Le tout évidemment accessible à vélo, grâce à la présence des RAVeL. Pour l’avenir, d’autres sites, au travers du Brabant wallon peuvent intégrer le concept des NPoW, comme le nouveau quartier des confluents à Tubize. 

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Accès au logement 

Limiter les surfaces à bâtir ne va pas sans risque : la pression foncière, déjà élevée en Brabant wallon, pourrait s’intensifier à mesure que les terrains disponibles s’amenuisent. Là encore, le Brabant wallon a pris les devants en créant sa régie foncière, devenue Agence de Promotion immobilière du Brabant wallon (APIBW). Cette agence a pour objectif de permettre l’accès au logement pour des foyers à revenus modestes. Elle s’associe pour cela à des projets immobiliers et vend des logements à prix réduit, jusqu’à - 30 % par rapport aux prix du marché. Les logements sont attribués suivant certains critères, notamment de revenus et d’âge. D’importants projets ont été menés à bien ou sont en cours. Ainsi à Jodoigne, un nouveau quartier verra bientôt le jour rue de la Maladrerie, qui comprendra quelque 120 appartements et 90 maisons. La majorité de ces logements seront vendus en dessous du prix du marché, avec critères d’accessibilité. Tous les logements répondront aux normes d’habitat durable, notamment par l’emploi de panneaux photovoltaïques. 

À Tubize, sur l’ancien site des Forges de Clabecq, un autre projet important, issu d’une démarche privée cette fois, va voir le jour: sur 80 hectares, le complexe immobilier comprendra 780 logements, une zone de loisirs et un centre commercial. 60% de la superficie seront consacrés à des espaces verts, et 9.500 m² de toitures seront occupés par de l’agriculture urbaine (fruits, légumes, ruches…). Il s’agira de la plus grande surface de toitures exploitée de cette manière en Europe. Le nouveau quartier sera relié au reste de Clabecq par voies qui favoriseront la mobilité douce. D’une manière générale, l’accent a été mis sur les aspects durables, avec également un grand nombre de panneaux solaires qui fourniront l’énergie.

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Une stratégie pour le territoire

Le logement est aussi un des thèmes abordés dans le Contrat de Développement territorial, fruit d’une large réflexion entre le Brabant wallon, les Communes et les acteurs supra-communaux et qui regroupe un grand nombre de données sur des sujets divers. Cette connaissance exhaustive des caractéristiques du territoire du Brabant wallon permet de mettre en place des stratégies pour un développement territorial optimal.

L’arrêt de l’étalement urbain programmé pour 2050 posera, certes, des défis majeurs, mais contribuera grandement à rencontrer des enjeux essentiels pour l’avenir : la protection de la biodiversité, l’agriculture durable, la mobilité douce, la réduction des émissions de CO2… Dans ce domaine comme dans d’autres, le Brabant wallon entend bien faire figure d’exemple et de précurseur.

1. Les prix des maisons et des appartements à acheter et à louer sont fous en Brabant wallon ! Quel rôle peut jouer la Province pour faciliter l’accès au logement ?

En effet, on peut lire régulièrement dans la presse que le Brabant wallon est une des provinces les plus chères de Belgique en matière de logements. Neufs des dix communes les plus chères de Wallonie sont d’ailleurs en Brabant wallon. Notre province est victime de son succès et cela rend l’accès au logement compliqué, particulièrement pour les jeunes et les familles monoparentales. A l’échelle de la Province, un de nos leviers est notre Agence de promotion immobilière (APIBW) qui développe des projets et met en vente des logements en dessous des prix du marché sous certaines conditions. Nous devons poursuivre ce travail, avec l’appui des communes pour augmenter le nombre de projets.

L’habitat léger est, selon moi, également une nouvelle perspective à saisir. Installer une yourte, une tiny house ou un habitat léger sur un terrain peut représenter une alternative d'habitat par choix, mais peut aussi être particulièrement intéressante quand la pression foncière est trop forte. Avec la Maison de l’Urbanisme, nous travaillons actuellement sur un référentiel pour guider/accompagner/aider les communes de notre territoire qui souhaitent développer des projets dans ce sens.

Enfin, je crois fermement au potentiel des NPoW (New Places of Working ou Nouveaux lieux de travail) en Brabant wallon. En développant, de nouveaux pôles d’activités économiques dans des zones plus rurales et plus éloignées, de nouveaux quartiers concentrés se créent et propose donc une nouvelle offre de logements.   

2. Il y a justement un projet de NPoW du côté de Ramillies, le long de la Croix de Hesbaye…

Oui, en effet, c’est une zone en totale reconversion à l’Est du Brabant wallon, à proximité de la Gare de Ramillies, à la croisée de deux Ravels. L’idée est de créer « la ville à 20 minutes à vélo » d’où l’importance d’articuler ce genre de projet sur des axes de mobilité douce. A terme, ce lieu proposera des activités économiques, des zones d'habitat et des zones récréatives et de services.

Développer des activités économiques de ce côté permet de diminuer la dépendance en matière d’emploi vis-à-vis des territoires voisins. Par effet boule de neige, ces « New place of Working » répondent à l’enjeu démographique et à la pression foncière que connaît le Brabant wallon. Cela devient des nouveaux lieux de vie (« New place of Living »).

Ce type de projet vise aussi à diminuer la pression sur la mobilité déjà très dense en Brabant wallon.

La vision supra-communale du Brabant wallon vient donc en appui aux communes et répond aux objectifs régionaux que sont la lutte contre l’étalement urbain, l’utilisation rationnelle des territoires et des ressources, la gestion qualitative du cadre de vie et la maîtrise de la mobilité. 

3. L’étalement urbain, on en parle beaucoup en ce moment avec le nouveau Schéma de Développement Territorial (SDT) de la Région wallonne.
Verrons-nous dès lors dans les centres urbains du Brabant wallon de grands immeubles pour loger des habitants toujours plus nombreux ?

Ce nouveau schéma d’aménagement ambitionne d’offrir un meilleur cadre de vie aux Wallons, tout en répondant à la norme européenne « Zéro Artificialisation Nette des sols », également appelée « Stop béton » imposée d’ici 2050.

C’est aujourd’hui une nécessité de protéger notre nature et nos sols tout en continuant à assurer un cadre de vie agréable et en répondant aux enjeux climatiques comme à la transition environnementale.

En Brabant wallon, les taux de densification sont encore modérés. Je ne crois pas qu’on verra de sitôt des gratte-ciels pousser dans nos villages ! Il reste de la marge même si, à terme, trois quarts des nouveaux logements devront être construits dans ce qu’on appelle des « centralités ». Il est donc vraisemblable qu’à terme, on verra de moins en moins de villas de type quatre façades. Actuellement, c’est déjà le cas. On constate une évolution dans la manière de se loger dans notre province comme dans la manière de gérer l’urbanisme et l’habitat.

Les besoins des citoyens et des familles évolueront encore dans les années à venir, de même que les politiques urbanistiques des communes. Celles-ci auront d’ailleurs cinq ans pour adapter leurs réalités aux obligations wallonnes du SDT. Le Brabant wallon souhaite pouvoir les accompagner dans cette adaptation au niveau local.